Podcast: Play in new window | Download (Duration: 44:57 — 38.5MB)
Abonnez-vous gratuitement sur Google Podcasts | RSS
Vous trouverez ici l’interview très instructive de Joachim Vallet, instructeur en Yoga et en méditation. Il partage avec nous son parcours, l’histoire du Yoga et de la méditation, sa manière de méditer et sa philosophie. C’est ma première interview donc la technique n’est pas parfaite mais vous apprendrez pas mal de choses !
00:00:00
Mon Corps au Quotidien: Bienvenue sur Mon corps au quotidien, je vais te laisser te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas.
00:00:08
Joachim Vallet: Je m’appelle Joachim et j’enseigne le yoga, en gros quoi.
00:00:19
Joachim Vallet: Mais disons que j’ai beaucoup étudié la philosophie, le sanskrit ces 10 dernières années et je transmets cela à des enseignants de yoga.
00:00:30
Mon Corps au Quotidien: Qu’est ce qui t’a amené à étudier le sanskrit, le yoga, tout ça ?
00:00:39
Joachim Vallet: En fait, les personnes qui pratiquent le yoga dans des associations ou des studios un peu partout ont peut être remarqué qu’il y a souvent des références à la philosophie indienne. Alors on peut chanter des mantras ou des fois, le professeur donne quelques quelques conseils, ou fait référence à une certaine morale ou des choses comme ça. Donc moi à la base, je suis d’abord pratiquant de yoga, évidemment, avant de penser à enseigner. Et donc, j’ai été baigné comme tous les gens qui pratiquent dans quelque chose d’assez flou que je n’arrivais pas à cerner. Je ne voyais pas très bien… Alors de temps en temps t’as un prof de yoga qui te lit un petit passage d’un texte. Mais tout ça, je trouvais que c’était très parcellaire et bon, en clair, je n’y comprenais rien. Et donc, quand j’ai commencé à enseigner moi même les cours de yoga, c’est à dire un système de postures, et de la respiration, enfin ce qu’on connaît. Et j’ai étudié de front la philosophie du yoga, dès l’école. Et dans l’école que j’ai faite, j’ai rencontré Alyette Degrâces, qui est une philosophe et sanskritiste, et je l’ai suivi. Puis je suis devenu un genre de fan en fait, un élève si tu veux.
00:02:09
Mon Corps au Quotidien: Et donc la méditation, c’est une pratique qui fait partie du yoga en fait ?
00:02:13
Joachim Vallet: Ce que je pressentais et que j’ai découvert véritablement en étudiant la philosophie, l’histoire… L’histoire de cette philosophie et cette philosophie, c’est que s’asseoir en silence, c’est le cœur des pratiques de yoga. Depuis à peu près 2000 ans. L’histoire du yoga remonte sur 3500 ans, jusqu’à 1500 ans avant le début de notre ère.
Mais les prémices de ce qu’on appelle aujourd’hui le yoga, c’est plutôt une sorte de chamanisme antique qui concerne non pas des tribus comme en Afrique ou en Amérique du Sud et du Nord aussi d’ailleurs, enfin partout dans le monde. La particularité des sociétés indiennes, c’est que très tôt, elles ont été importantes. Il y a eu très rapidement des royaumes et donc ce qui partout dans le monde est chamanisme comme on le connait, c’est-à-dire une activité qui est entre une médecine ancestrale et une capacité de certaines personnes qui travaillent leur clairvoyance d’être clairvoyants et donc d’être un peu les guides spirituels et les guides tout court de leurs congénères. Et bah voilà, en Inde, ça a pris une forme particulière, tout simplement parce que les sociétés ont pris une forme particulière. Elles sont devenues très vite assez grandes.
00:03:47
Mon Corps au Quotidien: Tu parles bien de clairvoyance. C’est ce que tu disais quand on a fait la première session de méditation en groupe.
00:03:57
Joachim Vallet: Le but des pratiques de yoga, c’est la clairvoyance. Après, il faut s’entendre sur le mot.
00:04:02
Mon Corps au Quotidien: Oui, mais alors, qu’est-ce que tu entends par ce mot “clairvoyance” ?
00:04:08
Joachim Vallet: En fait, il y a une capacité à voir, en l’être humain, mais elle est souvent détournée, tout simplement parce que nos vies attirent notre attention dans des lieux particuliers. Si, par exemple, mon but dans la vie devient de devenir une certaine profession ou d’acquérir un certain statut social dans la société et que mon énergie et mon attention se déploient en ce sens, il y a tout un tas de choses du monde auxquelles je ne ferai plus attention.
00:04:47
Mon Corps au Quotidien: On peut diriger, en quelque sorte, cette clairvoyance alors ?
00:04:53
Joachim Vallet: Alors, l’idée “expérientiellement”, c’est au moment où on arrête de diriger quoi que ce soit, où on se place dans des dispositions d’écoute, que nous sommes les plus clairvoyants.
00:05:11
Mon Corps au Quotidien: C’est ce que permet la méditation alors, d’écouter ?
00:05:15
Joachim Vallet: La pratique de la méditation à venir, c’est-à-dire le fait de s’asseoir en silence est un entraînement. Exactement comme on pratique un instrument de musique ou comme on s’entraîne un sport. On ne fait rien. Émerge alors, ça a l’air simple comme ça, mais dans l’expérience, c’est pas si simple. Enfin, si c’est si simple, mais c’est pas si facile. Émerge ce qui me constitue : des pensées, voilà… Donc le chemin de pratique de la méditation, c’est d’apprendre à apprivoiser le fonctionnement qui est le mien, mais qui est aussi le fonctionnement des autres humains, à quelque chose près. Voilà. J’apprivoise.
00:06:04
Mon Corps au Quotidien: Et ça fait combien de temps que tu médites, que tu pratiques le yoga?
00:06:11
Joachim Vallet: La pratique corporelle, j’avais 16 ans quand j’ai commencé. Et la méditation au sens large, j’avais 2 ans de plus.
00:06:23
Mon Corps au Quotidien: J’imagine que ta pratique quand tu avais 18 ans, elle n’est plus la même qu’aujourd’hui, ça ne doit plus être du tout la même ?
00:06:34
Joachim Vallet: Quand j’avais 18 ans, j’étais surtout curieux. Et pour ce qui est de la pratique de la méditation, quand j’avais 18 ans, j’habitais à Aix en Provence et il y avait un centre bouddhiste, une sorte de secte bouddhiste si tu veux, enfin secte, pas du tout dans un sens méchant, mais c’était une pratique bouddhique très dure, très cadrée. Il fallait s’asseoir d’une certaine façon, réciter des mantras d’une certaine façon, etc. Tout était très cadré. Alors c’était une expérience qui ne m’a pas plu parce que…
00:07:11
Mon Corps au Quotidien: C’était trop cadré ?
00:07:14
Joachim Vallet: Trop perché surtout, je trouvais ça trop haut perché. Et comme j’avais 18 ans, j’étais plutôt dans les plus jeunes. Et je ne sais pas pourquoi, cette organisation était très fréquentée par des enseignants de l’Éducation nationale. Franchement, ça me faisait super bizarre de voir des gens qui étaient censés être quand même mes enseignants, enfin j’étais plus lycéen, je venais de quitter le lycée. Mais tout ça me semblait complètement saugrenu en fait. Première expérience avec les pratiques assise.
00:07:50
Mon Corps au Quotidien: Et ce que tu disais aussi et ce qui m’a bien aidé pour méditer, c’est que tu donnes des conseils pour la posture assise. Est ce que tu peux redire ça ?
00:08:02
Joachim Vallet: Oui. La pratique de la méditation, c’est l’installation d’une sorte de laboratoire qui commence par installer le corps. D’une façon hyper simple, je vais essayer de montrer aux personnes qui nous écoutent. Toi, tu as déjà vu que ça a l’air de rien, mais que c’est très engageant. Le fait de s’asseoir sur un support, franchement, peu importe que ce soit une chaise, un coussin spécialement dédié à la méditation, un banc public, une pente herbeuse où le bassin serait un tout petit peu plus haut que les genoux, avec les jambes repliées. Il y a 1000 façons de s’asseoir. Pourvu que le bassin soit vertical, c’est à dire que l’arrière du bassin, le sacrum et les ischions, il nous indique par le ressenti que nous en avons qu’il y a une verticalité du bassin. Pour ça, il faut que les hanches soient assez fléchies. Quand on est assis dans une voiture, on est affalé en arrière et les hanches sont ouvertes. Là, il y a un redressement déjà au niveau du bassin et à partir de ce bassin posé verticalement, ce qui est déjà un truc un peu spécial, le respirant, c’est-à-dire aspirant en ouvrant les épaules, levant la poitrine, plaçant la tête en fin d’inspiration. Et expirant aussi, revenant à l’intérieur du bas de mon ventre et même au fond de mon bassin en fin d’expire, là je construis une verticalité. Respirant, je construis une verticalité et la posture apparaît comme ça. La posture apparaît parce que je respire un peu plus que le strict minimum. Le strict minimum c’est ce qu’on fait quand on dort, ou quand on est complètement absent de son corps parce qu’on est occupé à autre chose par exemple. Là, on peut se retrouver assis sur une chaise l’esprit dirigé dans un écran. Le corps est comme abandonné et là, il y a une respiration qui est proche de celle du dormeur. Et bien vous verrez peut être que vous êtes en train de le faire. Vous verrez que pour être là, assis, présent, vigilant même, il y a un effort musculaire mine de rien. Il y a un redressement de la colonne vertébrale qui correspond psychologiquement à une vigilance, un état vigilant. Et bien pour cela, vous voyez qu’il y a beaucoup de cellules de votre corps, des cellules musculaires, mais pas seulement, c’est limite la peau aussi, qui ont besoin d’être plus engagées que le minimum. C’est aussi simple que ça, donc ça nous met dans un état… Il n’y a rien de cosmique ! Ça nous met dans un état vigilant.
00:11:12
Mon Corps au Quotidien: Mais oui, c’est vrai que d’avoir des repères physiques, anatomiques, ça aide parce qu’on a toujours tendance à s’imaginer que c’est quelque chose d’un peu métaphysique la méditation.
00:11:25
Joachim Vallet: Oui, alors métaphysique ça voudrait dire au delà du corps ? Bien non, pas du tout. C’est le contraire ! Il s’agit de réintégrer son corps et en ça, c’est bien une pratique de yoga. C’est ce qu’on fait dans une pratique de yoga. Cette gymnastique yogique, qu’on appelle yoga, mais qui est une sorte de gymnastique yogique qui a été inventée entre guillemets par différents gourous au courant du 20ème siècle, ça n’existait pas avant. Alors ça a été inventé par des gourous indiens au moment où l’Inde est devenue socialiste en 1940, à partir de 1947, révolution socialiste. Toute la caste des clairvoyants, les Brackman, s’est retrouvée détachée de sa caste co-dirigeante. Les guerriers, quoi. L’aristocratie indienne. Ces gens ont été relativement balayés par la révolution socialiste. Se retrouver dans la merde.
C’est aussi simple que ça. Cette espèce de diaspora de maîtres indiens des années 60-70 correspond très fortement à la révolution socialiste indienne. Ils ont puisé, ces maîtres, ces gourous, au fond de leur connaissance, de leur culture pour en extirper des pratiques de va nu pieds. Le sadou de renonçant, ça c’est une autre caste, ce n’est pas une caste d’ailleurs, c’est hors caste. Depuis le Moyen-Âge en Inde, on peut quitter le monde. Tu enlèves tes vêtements, tu brûles ta carte d’identité si tu en as une, et tu as quitté le monde des gens normaux. Tu as quitté, en général, une vie qui ne te convenait pas. Y a pas de RSA dans l’Inde médiévale, mais y a ça. Et le truc de ça, c’est que c’est un chemin pour l’illumination, le pouvoir aussi. Tu vois, ça, c’est un chemin. C’est une sorte de cour des miracles à l’échelle continentale et partout sur les routes de va nu pieds, les uns essayant de se faire passer pour des sages, les autres l’étant vraiment. Et dans ce contexte, y a un contexte très dur, on meurt jeune chez les Sadou, c’est une vie très dure. Et quelques uns arrivent à se faire reconnaître comme des sages et même réputés. Bon, je te passe les détails. Mais en tout cas eux, de leur place de va nu pieds pratiquent depuis le 16-17ème siècle, des austérités. Avec ce que ça a d’abusé, les austérités. Quelque chose d’un peu dégueulasse là dedans… Il y a un côté “mortifies-toi bien dans cette vie-là, dans une autre vie, ça ira mieux”.
Je caricature. C’est évidemment beaucoup plus intelligent et subtil que ça. Et beau aussi. L’engagement humain est beau. Donc, il y a cette apparition des cours de yoga au 20ème siècle. C’est un truc bizarre. Ça a été fait pour faire plaisir à des Anglais qui pratiquaient déjà la gym suédoise depuis 200 ans. Les Européens ont inventé la gym indienne, qui est mieux. Et à la lumière des enseignements de yoga, à la lumière de la médecine traditionnelle indienne, ces cours de yoga, c’est devenu quelque chose de génial. Je ne dis pas ça pour critiquer. Moi, je trouve ça vraiment génial. Une gymnastique extraordinaire, de santé, de vitalité et qui, de surcroît, c’est pour ça qu’elle avait été faite au départ chez les Sadou, est une approche de cette assise. Cette assise qu’on appelle méditation, Asana en sanskrit, assise, c’est proche de ce qu’on pratique dans les ermitages chez nous. Des ermitages de moyenne montagne, ces bâtiments ou ces grottes isolées dans le sud de la France y’en a beaucoup. C’est un temps de retraite où notre personnalité et nos préoccupations vont pouvoir s’effondrer grâce à une relative solitude.
00:16:11
Mon Corps au Quotidien: Et donc, toi, tu pratiques le yoga ET la méditation tous les jours ou presque ? Ça se passe comment ?
00:16:20
Joachim Vallet: Moi, j’ai 54 ans. Dans l’état actuel des choses, j’ai une pratique corporelle autour des cours de yoga que je donne et j’ai une pratique de l’assise et de la philosophie qui a pris le pas, récemment. On peut dire qu’il y a des vagues. C’est à dire que je suis beaucoup plus préoccupé par la pratique de la méditation, le sanskrit, d’étudier cela et de le transmettre, plutôt à des prof de yoga. Je suis plus préoccupé par ça aujourd’hui, mais tu vois dans une vie…
00:17:07
Mon Corps au Quotidien: C’est un chemin ?
00:17:09
Joachim Vallet: Oui, mais il y a des périodes très différentes. Et puis aussi, il y a des cycles. Par exemple, il y a 2 ans, j’ai re-pratiqué beaucoup corporellement parce que j’en avais besoin.
00:17:22
Mon Corps au Quotidien: Oui, tu écoutes ton corps.
00:17:25
Joachim Vallet: J’écoute la réalité de ce que je vis. En fait il y a 2 ans, j’ai eu un changement important dans ma vie et pour la première fois de ma vie, je me suis fait mal au dos. D’une façon conne, en mettant des Flyers sur les essuie-glaces des voitures dans ma petite ville. Tu vois un truc à mourir de rire. Ça ne m’a pas plus de m’être fait mal au dos. J’ai re-pratiqué beaucoup. Je me suis remis dans un truc. Bon, j’ai été voir un ostéopathe aussi.
00:17:55
Mon Corps au Quotidien: Tu as fait ce qu’il fallait pour que ça aille mieux.
00:17:58
Joachim Vallet: Oui, j’ai repris une pratique corporelle, mais qui s’est déjà re-transformée en plus d’assise maintenant. Si tu veux dans le cursus des Brahmacharin, donc des étudiants de la parole de l’au-delà, les étudiants brahmaniques, ces ascèses très corporelles, c’est plutôt à l’âge de Brahmācharin justement qu’elles ont lieu, à l’adolescence, au jeune âge adulte. Et c’est vrai que les pratiques très engageantes sont une expérience de nos limites. Ce que j’aime beaucoup, c’est que -je ne vais pas chercher à te vendre les bénéfices de la gymnastique yogique, non mais ils existent hein ! déjà rien que le terme, au secours… Mais disons qu’il y a quelque chose qui est moins souvent vu, c’est qu’on expérimente l’impossibilité de devenir autre chose que ce qu’on est. Alors, on commence par expérimenter la possibilité de devenir autre chose que ce qu’on est, en améliorant justement la fluidité de son corps, de sa respiration et très vite d’ailleurs dans…
00:19:19
Mon Corps au Quotidien: Dans le yoga ?
00:19:22
Joachim Vallet: Oui, pour les pratiques, pour les gens qui pratiquent ça intensivement, ce truc corporel, y a le danger de rentrer dans un truc à mi chemin entre le mythe du surhomme et la collection de cartes Pokémon si tu veux… Non, mais je rigole pas ! C’est vraiment ça. C’est un peu débile, mais extrêmement fréquent. Mais au delà de ça, en fait, il y a effondrement. Au delà de ça, tu vois que en fait, aucune posture n’est faisable. C’est pas possible. Par exemple, la posture qui semble la plus simple qui consiste à s’allonger par terre, on appelle ça la posture du mourant, Shavasana, on est allongé par terre, on tourne les bras vers l’extérieur. On allonge la nuque. En fait, le but de cette posture serait d’abandonner l’intégralité de sa colonne vertébrale sur le sol. Bon courage.
Donc déjà la posture la plus facile j’arrive pas à la faire. Les autres, je te raconte même pas. À base de je vais chercher mes pieds derrière, jusqu’au sommet de mon crâne, j’en passe et des meilleures. Alors ceci à plat ventre, debout sur un pied, etc. Laisse tomber. Donc au delà du mythe du surhomme, il y a le mythe, enfin qui n’est pas un mythe, qui a la réalité de l’homme normal… Ouais, ça on le découvre aussi.
00:20:56
Mon Corps au Quotidien: C’est ça en fait, c’est ce que tu dis bien, c’est que dans le yoga, le but n’est pas forcément de réussir à faire la posture ?
00:21:07
Joachim Vallet: Non, parce que les gens qui essayent de réussir la posture sont des éternels frustrés de ne pas y arriver parce que c’est impossible.
00:21:15
Mon Corps au Quotidien: Et donc dans la méditation, ce qu’on dit assez vulgairement de la méditation c’est que ça fait du bien et qu’il faut méditer. Parce qu’on est trop stressé, que ça fait du bien. Mais on disait au début que l’objectif, c’était la clairvoyance, mais c’est pas un objectif de bien être en soi ?
00:21:44
Joachim Vallet: Non, ce n’est pas la question. Mon mot de clairvoyance, je l’utilise un peu à dessein, un peu d’une façon provocatrice, pour donner une ligne directrice forte comme ça, de but en blanc. C’est pas le mot le plus juste, parce qu’on retrouve ces histoires de surhommes. C’est pas une bonne chose. La question pour le sanskrit valorise extraordinairement cela, ça, les choses comme elles sont. Sattva : ce qui est, est.
C’est devenu un lieu commun du développement personnel de parler de ce qui est, mais Sattva en sanskrit est un mot très valorisé, désigne cela. Donc l’idée c’est pas tellement clairvoyant pour clairvoyance. C’est l’idée d’être avec. Avec les gens, avec autrui, d’être avec par exemple, pour quelqu’un qui s’intéresserait aux plantes -qui sont des êtres vivants- la façon de bien les connaître, comme tous les êtres vivants, d’être avec. Une façon d’apprendre à être avec, une disposition d’écoute particulière.
00:23:18
Mon Corps au Quotidien: D’être avec soi-même et avec les autres, c’est ça ?
00:23:20
Joachim Vallet: Avec toi-même y a pas le choix ! Ça, c’est bon, ça, c’est gagné pour le meilleur comme pour le pire, et de diverses façons. Mais là, la question, c’est donc Yog, de se joindre à ce qu’on appelle Cosmos en grec dans notre culture et en sanskrit, c’est exactement la même chose. On a le même alphabet, la même culture avec les indiens. Ce que les Grecs appellent le Chaos et Cosmos, c’est à dire Chaos ça serait la nature, la nature naturante, avec ses volcans qui explosent, ses coronavirus et autres désagréments. C’est la nature. Mais sous la nature, aussi bien dedans que autour, tu lèves ta tête au firmament, la nuit et tu as le firmament. Tu as un truc, tu vois bien, qui est une horlogerie incroyablement bien réglée dans l’année, avec toutes les petites particules et ce cosmos tu le retrouves dans l’infiniment petit, à l’identique. Ça, c’est le contexte cosmogonique comme on dit de ces enseignements de yoga. Donc, l’idée, c’est de se joindre à Dharma, ce qui soutient, ce qui porte, c’est-à-dire ce qu’on appelle Cosmos. Ce qui est sous la nature et qui en est l’horlogerie divine. L’idée, c’est de se joindre à cela. Et si tu veux. Là, je suis en train de te parler pas du tout d’une façon psychologique. Tu vois bien ce que ce que je veux dire, ce n’est pas basé sur moi. C’est pas une psychologie du moi du tout. C’est une psychologie de l’ensemble et de l’être, de la qualité d’être individuel. L’individu existe, bien sûr, mais il y a une qualité d’être individuelle qui est valorisée si elle se joint à la totalité. C’est une mentalité quand même particulière.
00:25:34
Mon Corps au Quotidien: C’est une manière de trouver un peu sa place non, aussi ?
00:25:39
Joachim Vallet: C’est une manière, exactement. C’est une manière de trouver sa place dans le monde en contournant complètement toute la psychologie du moi qui n’existe pas dans cette culture. Il y a une impasse qui est faite. La question n’est pas de m’améliorer, de devenir un meilleur Joachim. Pas du tout. Au contraire, il aurait plutôt un dépouillement de toute la connerie que je peux te transporter. Ce qui ce qui fausse ma relation au monde, c’est pas qu’il me manquerait quelque chose, c’est que j’ai des comportements supplémentaires qui pose problème. La question est plutôt l’effondrement des comportements supplémentaires, de façon à me joindre à ce qui fonctionne très bien.
00:26:32
Mon Corps au Quotidien: Oui, un apurement en quelque sorte.
00:26:37
Joachim Vallet: Oui. Bon, pour faire une comparaison triviale qui puisse être éclairante : si j’ai des problèmes digestifs, au bout de 25 ans de consommation de pizzas et de Coca Cola -comme quoi on est quand même bien fait à la base, je peux m’en enfiler des pizzas, du Coca Cola sans problème et pendant longtemps. Mais au bout de 25 ans, ou peut-être au bout de 10 ans, on sait pas, ça dépend des individus et de la consommation, je vais avoir des problèmes. Donc la question à partir du moment où je vais avoir des problèmes digestifs. Voilà la question. Pour moi, c’est pas de faire quelque chose en plus, c’est de me joindre au fonctionnement basico-basique de l’animal humain sur la planète Terre que j’ignorais, que je ne voyais pas. Donc l’idée ça va être de me joindre à ce qui est, c’est à dire qu’une alimentation adéquate pour un être humain, c’est plutôt constitué de feuilles, principalement de feuilles et de fruits, avec, pour ceux qui mangent des produits animaux, un petit peu de produits animaux parce qu’on en a parfois besoin, mais sans plus. Je n’ai rien de spécial en fait dans ce que je décris et pourtant ce que je décris ou d’une façon ou d’une autre, on le vit tous. La question de Yog c’est de se joindre à une intelligence que nous contenions déjà. La digestion, qui est une puissance, une Shakti -je rigole, mais c’est vraiment tout à fait ça- qui est un pouvoir que l’être humain a un pouvoir divin extraordinaire à pouvoir digérer, ça marche très bien. C’est vrai. Donc le truc, c’est de connaître son fonctionnement et d’abonder dans le sens qui était prévu au départ.
00:28:58
Mon Corps au Quotidien: Oui, c’est une reconnexion.
00:29:00
Joachim Vallet: Une reconnaissance même.
00:29:00
Mon Corps au Quotidien: Oui, reconnaissance aussi. Et par exemple, quelqu’un qui n’aurait jamais médité. Qu’est ce que tu lui dis ? Tu donnes des conseils ? Déjà sur la posture qu’on a vu tout à l’heure, mais autre chose?
00:29:18
Joachim Vallet: Pour moi, les maîtres mots sont la curiosité, et la rencontre. Parce que personnellement, je n’ai rien inventé par moi même, je suis allé à la rencontre de personnes qui ne m’ont pas appris des trucs, mais qui m’ont montrées. Ils m’ont dit “regardes comme je fais là, regardes comment marche ta digestion”.
00:29:47
Mon Corps au Quotidien: Quand tu dis rencontre, c’est de se tourner vers des gens qui peuvent enseigner la méditation, c’est ça ?
00:29:55
Joachim Vallet: Oui, et une part importante de mon parcours, mais de parcours de toutes les personnes qui s’intéressent à quoi que ce soit d’ailleurs. Il y a une part importante du parcours qui est donc l’éveil du discernement. C’est déjà apprendre à s’orienter et à rencontrer, entre guillemets, les bonnes personnes. C’est super excitant. C’est vachement sympa, ça te fait rencontrer plein de gens et il y a des moments où tu vois, t’es au bon endroit. D’autres moments où tu vois que t’es pas au bon endroit. Alors à ce propos, faites quand même gaffe, on a tendance à abonder dans ce qu’on connaît déjà.
00:30:36
Mon Corps au Quotidien: Oui, c’est plus facile.
00:30:40
Joachim Vallet: Oui, donc, on a tendance à continuer à se regrouper en catégories culturello-socio-professionnelles, à brasser du connu, du connu, du connu. Donc, si ta culture, c’est pizza coca, tu vas te retrouver à faire ou du jogging ou des jeux vidéo ou de la méditation avec des gens qui sont de la culture pizza coca. Tu vas trouver ça génial alors que les gens qui bouffent des fruits pour toi sont des ringards. Ben voilà, le truc, c’est que c’est peut-être que ce serait bien aussi d’aller voir chez ces gens tellement énervants parce qu’ils mangent des fruits. C’est pas une question si simple.
00:31:32
Joachim Vallet: Très souvent, on est à l’aise comme dans un bain chaud, dans des lieux où il ne se passe rien. On n’apprend rien. Il y a des tas de cours de yoga où tu vas où tu apprends que travailler plus pour gagner plus, c’est super. Tu apprends que les 2 piliers du yoga, c’est “You can do it” et “never give up”. Ça c’est l’idéologie de la startup, tout ça. Et y a d’autres cours de yoga où on te raconte ce genre de truc, mais avec des trucs avec des Bouddha, des encens…
00:31:59
Mon Corps au Quotidien: Oui, tu n’apprends pas grand chose finalement.
00:32:04
Joachim Vallet: C’est le libre arbitre des gens. Et puis aussi, c’est leur constitution, comment dire… On n’est pas tous pareils. Il y a des espèces de couleurs de l’humanité. Y’a des gens qui sont faits pour être employés de bureau. C’est leur destinée trans-générationnelle, donc c’est pas la peine d’essayer de leur prendre la tête avec des trucs cosmiques. Ça les intéresse pas et ces personnes-là, il faut les laisser tranquilles.
00:32:35
Mon Corps au Quotidien: Oui, il faut les laisser tranquille !
00:32:36
Joachim Vallet: Oui, bien sûr, parce qu’il faut que l’humanité soit diverse. Tout le monde n’est pas fait pour s’intéresser à la philosophie, sinon il n’y aurait plus personne dans les usines et nos administrations. Et il y aurait plus de médecins non plus. Pour la médecine c’est un peu à part parce que le yoga est très intéressant pour les médecins. À la base c’est proche.
00:33:03
Mon Corps au Quotidien: Oui, c’est sûr. Mais du coup méditer avec des applications, c’est assez limité au final ?
00:33:14
Joachim Vallet: Ce sont des approches. Et un esprit affuté va continuer à chercher, etc…. Il y a des applications très différentes les unes des autres. Moi j’ai un enseignant que j’aime beaucoup qui a fait déjà il y a au moins 10 ans, un CD à l’époque. Maintenant on montre sur YouTube facilement. Génial. Bon, ça remplace pas un enseignement.
00:33:45
Mon Corps au Quotidien: Oui, voilà, ça ne remplace pas un enseignement.
00:33:45
Joachim Vallet: Non, ça ne remplace pas un enseignement dans sa globalité. Mais sur un claquement de doigts, avec du flair, tu trouves sur YouTube… Ça dépend des gens. Il y a des gens qui vont automatiquement tomber sur des trucs de musique planante. On n’y peut rien, c’est comme ça.
00:34:07
Mon Corps au Quotidien: Et tu parlais de posture physique. Mais quand on médite la posture mentale, ça doit être laquelle ?
00:34:17
Joachim Vallet: C’est donc la même que la posture physique. D’ailleurs, ce redressement et cette ouverture… Comment on appelle ça, curiosité ? Vigilance, attention, discernement… Mais au-delà des mots, qui sont toujours un peu réducteurs, c’est pour ça que c’est bien d’en sortir plusieurs, il y a une façon d’être. Tout à l’heure, je disais être avec, mais d’être à l’écoute. Awareness en anglais, c’est bien. Dans “awareness“, c’est comme “ouverture” en français, mais c’est mieux. Je ne sais pas pourquoi la sonorité de l’anglais le dit mieux.
00:35:16
Mon Corps au Quotidien: Par rapport aux pensées qui arrivent un peu sans cesse, il faut les laisser passer ?
00:35:27
Joachim Vallet: Alors, c’est le lieu commun, comme tous les lieux communs, c’est pas faux. Mais pour être plus précis, l’idée c’est que je suis fait de pensées. C’est-à-dire que ce qu’on appelle le moi ou l’ego, c’est ce que nous appelons aussi les pensées, c’est la même chose. En fait, ce que j’appelle des pensées, ce sont des mémoires. Il y a de purs souvenirs, mais au delà du souvenir, il y a déjà une histoire construite. Les souvenirs sont faits de mémoire, ce sont les briques, des espèces de graines prêtes à germer qui nous constituent et qui constituent le monde. Moi j’ai des mémoires de la guerre de 14-18 alors que je n’étais même pas né. J’ai des grand-pères qui y étaient, donc dans l’ADN ou je sais pas quoi et puis dans les histoires familiales aussi. Que ce soit l’ADN, c’est de la sonorité, de la vibration. Que ce soient les histoires familiales par la parole, c’est aussi des vibrations. Donc nous sommes faits de cela. Il y a surtout ça. Il y a un coeur divin de vie. Une espèce de centre divin et vivant de l’humain, du vivant. Mais pour que ça devienne un Joachim, avec sa matière, il faut qu’il y ait quand même une structure tout à fait particulière dans les mémoires du monde. Selon les mémoires du monde, Joachim est un point de conjonction particulier des mémoires du monde, qui comprend la guerre de 14-18, les chasseurs cueilleurs de la préhistoire, etc. Je contiens un peu tout, mais dans une architecture particulière qui fait que la matière, qui est faite de feu, d’air, d’eau, d’air et d’espace, la matière va prendre comme une mayonnaise prend, en un lieu particulier, selon une structure de mémoire et de sons particulière. Ça va faire moi. Si tu veux que moi pense, c’est la moindre des choses. Je ne suis rien d’autre. “Moi” pense. “Moi” a des enfants. Donc mes enfants existent, ils vivent. Ils font résonner la trame dans laquelle nous vivons ensemble, on est de la même famille. Si tu veux, mes enfants étant vivants, quoi qu’ils fassent, même à l’autre bout de la terre, ma trame résonne. J’ai des pensées. Donc la question, c’est de connaître ce que je pense.
00:38:43
Mon Corps au Quotidien: Il ne s’agit pas de rejeter les pensées ?
00:38:47
Joachim Vallet: Certainement pas. Surtout pas ça. On dit que comme tu le disais bien, on disait laisser passer. Mais là en fait, je te déploie le “laisser passer”. La question c’est que me faire une fixette sur une pensée, ce qu’on fait constamment, c’est-à-dire carrément faire une sortie de corps. On n’arrête pas de faire ça. Une espèce de sortie de corps, pour aller plonger dans la pensée et tout ce qui s’ensuit et me retrouver même prisonnier. Par exemple, il y a des personnes qui peuvent rester prisonnières pendant des années de quelques pensées ou d’une histoire. À base de “mes parents ont été dégueulasses avec moi”, etc… Il y a des gens à l’article de la mort qui sont encore en train de penser ce genre de truc, un enfermement terrible… Voyant que ça peut tourner au vinaigre à ce point-là, il est bon de s’entraîner à laisser passer ses pensées. Mais après les avoir touchées. D’abord, je touche, je regarde, je suis avec. Et je laisse passer. Je choisis délibérément d’être corporellement là. C’est à dire que l’organe mental, une fois que la pensée a été touchée, je le remet dans le corps, etc, etc… Donc, cette pratique de l’assise va être ce mouvement que je viens de décrire, réitéré 5 fois, 10 fois, 100 fois. Selon qu’on reste assis 20 minutes, 1/2 heure, 1 heure…
00:40:48
Mon Corps au Quotidien: C’est vrai que c’est bien de ne pas être tout seul peut être non ? Enfin d’être guidé, en tout cas au début ?
00:40:58
Joachim Vallet: Tout ce que je te raconte, j’ai été guidé pour le découvrir. Moi tout seul je pense pas que j’aurai découvert tout ce que je te raconte. Parce qu’il y a trop d’idées dans lesquelles s’engager pour se perdre. En fait, on est là, au monde. On fait ce qu’on veut, dans le monde, pour le meilleur comme le pire. On est des petits humains de la fourmilière humanité. La fourmi humaine ne va pas inventer tout, toute seule ou alors c’est vraiment une fourmi un peu naïve et folle.
00:41:42
Mon Corps au Quotidien: Et j’ai une dernière question à te poser. Est ce qu’il y aurait des effets néfastes à la méditation? Est ce qu’il y a des gens qui ne seraient pas faits du tout pour méditer ou non ? Si on approche la pratique de manière sensée comme tu viens de le décrire, il n’y a pas de contre-indication ?
00:42:06
Joachim Vallet: Je laisse la psychiatrie à part. Mais c’est sérieux. Parce que d’ailleurs, il n’y a pas si longtemps, il y a 15 ans, il y avait des espoirs que la méditation puisse aider à cicatriser.
00:42:23
Mon Corps au Quotidien: Oui, c’est ça, ils avaient fait rentrer ça dans les hôpitaux psychiatriques ?
00:42:26
Joachim Vallet: Oui, ça a été tenté. Par une femme, une chef de service de l’hôpital Sainte-Anne dans les années 80-90. Et puis après, il y a eu un de ses élèves qui est devenu une star de la méditation aujourd’hui, qui est médecin aussi. Ils ont essayé, et pas seulement avec les patients. Alors déjà avec plein de pathologies différentes, et puis aussi avec le personnel soignant. Et ce n’est pas… Alors après, il n’y a pas de règle… En tout cas, avec un médecin compétent et bienveillant, on peut essayer. Mais c’est difficile la méditation. Ce qui définit un état pathologique, c’est la souffrance. Les gens vont en psychiatrie parce qu’ils souffrent. Les médecins les accueillent parce qu’ils souffrent. En tout premier lieu. Donc bon, il y a des états de souffrance où ce n’est pas le premier truc à faire. Après pour les autres personnes, pour moi les dangers de la méditation sont omniprésents, absolument terrifiants, et ça consiste à être plus perché qu’avant. Mais c’est pas grave. Tu vas être plus perché qu’avant. Bon, c’est con, mais c’est pas grave.
00:44:13
Mon Corps au Quotidien: Oui, c’est pas grave ! Bon, Ok, super ! Si, par exemple, on veut apprendre avec toi, ça se passe comment, on te contacte comment ?
00:44:23
Joachim Vallet: Je m’appelle Joachim Vallet, Yoga, méditation, c’est extrêmement facile à trouver.
00:44:33
Mon Corps au Quotidien: Je mettrai un lien vers ton site en-dessous. Je te remercie Joachim et à bientôt !
00:44:47
Joachim Vallet: A bientôt pour de nouvelles aventures !
00:44:50
Mon Corps au Quotidien: Merci de nous avoir écouter sur mon corps au quotidien et à bientôt.
En temps de confinement, pour pratiquer avec lui, c’est par ici !
Je précise que mes liens vers son blog ne sont pas affiliés.
Published by